BEAUREGARD



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



BEAUREGARD



BEAUREGARD. - Il est situé sur la rive gauche de l'Isère, à un myriamètre et demi de Romans. Son territoire offre les sites les plus variés et les plus pittoresques. Il est bien cultivé ; ses productions sont les mêmes que celles des autres communes du canton du Bourg-du-Péage. Les habitans ne s'occupent que de l'exploitation des terres. Il y a trois sections, Beauregard, Jaillans et Mémans, dont la population réunie est de 1,651 individus. Chaque section a son église.
Si l'on en croit la tradition populaire de cette commune, une bête féroce se serait réfugiée dans la section de Jaillans, alors couverte de bois ; elle aurait fait de grands ravages et répandu l'effroi dans les environs. Après l'avoir fait inutilement poursuivre par des détachemens de troupes, le gouverneur de la province aurait formé le voeu de fonder une église au lieu même où l'on parviendrait à détruire le redoutable animal. Il aurait été pris, l'église aurait été construite, et un petit village se serait établi autour. On aurait représenté l'animal dans l'intérieur de l'église, sur le mur du côté droit, avec une inscription ; mais ce monstrueux et bizarre portrait étant un objet de distraction pour les fidèles, un évêque l'aurait fait effacer, et il ne serait resté que l'inscription ainsi conçue :
QATA : I PIETAS : QAT MERIT DANIE + BESTIA : PLENA : DOL : NOESI : A. ET. M.
Ces signes, d'après la même tradition, signifieraient :
Qu'elle fut grande la piété de tous ! qu'il fut grand le mérite de Daniel ! Une bête féroce, pleine de ruse et de méchanceté, a été détruite ! Que ce soit à éternelle mémoire.
Aucun monument historique ne mentionne ce singulier événement, mais il doit se rapporter à des siècles bien reculés, si, comme il le paraît, il se lie à la construction de l'église, qui est évidemment d'une haute antiquité. « En la recrépissant, il y a environ vingt ans, on trouva, me mande M. Mourier, curé de Jaillans, une date qu'on transporta sur le frontispice, et qui la ferait remonter à l'année 777. On dira que c'est là une origine fabuleuse, mais non, ajoute-t-il, et voici ce qui vient à l'appui de la date indiquée : un baptistaire par immersion, qu'on a malheureusement enlevé depuis quelques années, était placé dans l'intérieur de l'église. Il en reste encore deux pierres en dehors qui ressemblent aux chambranles d'une cheminée. Il paraît que c'est là qu'on faisait sécher les enfans après les avoir baptisés. On sait, ajoute encore M. Mourier, que les baptistaires par immersion furent placés dans les églises au VIme siècle, et que c'est seulement dans le IXme qu'ils furent supprimés et remplacés par des baptistaires d'infusion, ce qui s'accorde parfaitement avec cette date de 777.... »
On remarque dans l'église de Jaillans un tableau très estimé représentant l'adoration des bergers. Il appartenait avant la révolution à la grandechartreuse de Grenoble, et c'est lors de la suppression du monastère que le tableau fut préservé de la destruction, et donné à la petite église de Jaillans.
On voit à Mémans les ruines de l'ancien château de la Jonchère qu'habita le baron des Adrets.

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